Les disparus et les monuments
34 morts exhumés des fosses de L’Hermitage Lorges
On a exhumé 34 morts des fausses tragiques de L'Hermitage-Lorges
Lundi en présence de nombreuses personnalités françaises et américaines ont été ouvertes les 11 fosses de la forêt de Lorges contenant les corps des martyrs de la Résistance assassinés par les Allemands.
six corps avaient déjà été exhumés les derniers jours, 28 autres ont été retirés des fosses dans la journée d'hier, dont 24 hommes et 4 femmes.
Plusieurs d'entre eux avaient été pendus, d'autres tués à coups de fusil ou un coup de revolver dans la nuque.
La forêt, hélas! dont certaines parties sont minées semble devoir réserver encore de douloureuses surprises. Les recherches vont donc continuer, mais d'ores et déjà les obsèques nationales des victimes déjà exhumées auront lieu le vendredi 3 novembre à 10h.
Ajoutons que de nombreuses familles se sont déjà présentées pour l'identification des corps et que l'émotion est considérable dans toute la région.
article du Ouest France du 31 octobre 1944
L'exhumation des victimes de la barbarie allemande à L'Hermitage-Lorges
Nous avons relaté, brièvement dans notre numéro de mardi, quels ont été les résultats de la première journée de fouille dans les fosses tragiques de la forêt de Lorges, où déjà 34 corps ont été exhumés: 28 lundi et 6 autres les jours précédents.
Terrible acte d'accusation contre les barbares déchaînés responsables de l'hécatombe! Dieu seul sait hélas si la forêt maudite ne recèle pas encore de nombreux cadavres et si l'horreur ne succèdera pas à l'horreur.
En tout cas, les fouilles continuent.
voici les détails recueillies sur place par notre envoyé spécial:
Une vision d'horreur par un matin d'automne
A la sortie de l'Hermitage, sur la Route d’ Huzel, règne une animation inaccoutumée: cars, camions, autos particulières, groupes de soldats et de gendarmes, etc...
Nous traversons le hameau des Forges, à quelques 200 m de là, au débouché d'un petit chemin à gauche de la route flotte un drapeau français. Des sentinelles sont postées qui écartent les simples curieux.
Et nous voici avec les officiels, nous enfonçant par ce chemin boueux vers le cœur de la forêt. Nous suivons le chemin de croix que suivirent les martyrs vers lesquels nous nous dirigeons.
Le chemin cesse. Encore quelques minutes de marche dans les taillis et nous voici dans la clairière tragique. Nous y rencontrons celui qui décela l'abomination, un vieux cultivateur de l'endroit, M. Alphonse Pêcheur des Forges. Il nous raconte la terrible chose.
“ J'allais couper des fougères et je m'aventurais jusqu'ici, où personne n'était venu, car nous savions la forêt minée, et puis j'ai remarqué de ci et de là, des creux suspects dont la terre meuble n’était point recouverte d'humus. Alors j'ai gratté, j'ai gratté... j'ai senti et j'ai compris…”
Mais le père Pêcheur ne plus en ajouter plus, car l'émotion l’étreint encore.
Le travail s'organise sous les ordres de M. Rouvrais du comité de libération qui a déjà, hélas! la douloureuse expérience des fausses de Malaunay et de Plestan. Ce sont des prisonniers allemands et russes que l'on a chargés de la macabre besogne, et c'est justice, mieux encore: c'est une réparation bien incomplète malheureusement, eu égard à l'ignominie du crime. Dommage qu'on ait pu joindre aux prisonniers quelques dénonciateurs avérés; C'eût été le début de l'expiation!
On creuse, on creuse dans les 11 fosses et tout à coup dans l'une d'elles, on découvre deux corps. Nous respectons trop le désespoir des familles pour nous engager ici dans une description qui braverait l'honnêteté. Disons seulement, que sur les 28 corps qui furent découverts ce jour-là, 19 ont pu être identifiés, dont nous donnons les noms d'autre part.
Des scènes poignantes
Quelques membres des familles des victimes de la barbarie allemande avaient pu accéder à la forêt. Cela donnait lieu à des scènes si émouvantes que peu d'assistants purent retenir leurs larmes. Un père de famille reconnu, dans les deux premiers corps extraits des fosses, ses deux fils. Une maman, qui avait déjà rendu visite à toutes les fosses de la région dans l'espoir de reconnaître son fils, finit par le découvrir dans la forêt de Lorges. Plus loin, nous vîmes les cadavres de 4 femmes, une mère et ses deux filles, dont le fils avait été fusillé auparavant. Plus loin une jeune fille de Saint-Brieuc. Au nombre de morts figure un parachutiste de l'armée régulière du Général-de-Gaulle. les boches, cette fois, ne peuvent en aucune façon invoquer l'argument de francs-tireurs.
Le docteur Lejeune de Quintin, médecin légiste, assisté du docteur Lecomte de Loudéac procède aux constatations d'usage. Ces praticiens accomplissent sans défaillance leur pénible besogne de 10h30 du matin à 17h, sans arrêt, sans repos, sans prendre la moindre nourriture ni réconfort. Nous tenons à signaler ce dévouement méritoire, comme celui d'ailleurs de tous les assistants, hommes et femmes, en ce lieu d'horreur que Dantès lui même n'aurait pas osé imaginer.
Il résulte de l'examen des deux médecins, que de nombreuses victimes ont dû être pendues. On a d'ailleurs repéré, de façon certaine, l'arbre qui servit de gibet. D'autres ont été fusillés ou tués d'un coup de revolver dans la nuque et on est en droit de penser que la machiavélique affaire de Katyn ne fut qu'une façon pour les boches de détourner le mépris universel en rejetant le crime sur une autre nation.
D'après les recoupements, il semble bien que toutes les victimes ont été amenées d’Uzel, où se tenait un poste de commandement de la Gestapo, aidé par les SS et la milice française (Quelle honte de voir des Français mêlés à ce crime!) Les condamnés étaient transportés en camion dans la forêt et exécutés. Ces exécutions remontent, semble-t-il, à juin et surtout à juillet dernier. Il est probable que le plus grand massacre eut lieu le 14 juillet, jour de notre fête nationale. C'est bien là, une de ces “délicatesses” de la prétendue kultur allemande…
On prie pour les morts.
Vers 17h, devant tous les cadavres assemblés, M. l'abbé Boulvain de Guingamp récite des prières pour les morts. L'instant est particulièrement émouvant, les quelques familles des victimes pleurent à chaudes larmes et tous les assistants ne peuvent maîtriser l'angoisse qui leur étreint le cœur. Nous touchons au tréfond de la douleur humaine.
Comment à notre époque de civilisation, peut-on être témoin de telles monstruosités? Un honnête homme ne saurait le concevoir, et, cependant, la preuve est là. D’aucuns, dans leur générosité native, ont voulu douter d'un si affreuse réalité. Ils ont pu croire, de bonne foi, que l'homme ne pouvait être le loup pour l'homme. On voudrait tant croire à la fraternité universelle! Mais les cadavres alignés font s'effondrer tout espoir de pitié. C'est une race qui se met au banc de l'humanité. On ne peut même pas lui appliquer la parole du Christ sur la croix: “ pardonnez-leur, car ils ne savent pas ce qu'ils font”. Ceux là savaient ce qu'ils faisaient: Ils le faisaient consciemment avec leur Kultur diabolique, avec la haine, au mépris de tout de ce que l'humanité devrait avoir de grand et de noble. L'humanité tout entière le recevant comme une éclaboussure, les gens de cœur en conçoivent un immense chagrin en songeant que des êtres comme eux aient pu descendre si bas, en songeant surtout que des Français aient plus s’associer à la sinistre besogne de ces policiers devenus tortionnaires.
Après l'identification possible, les morts sont déposés dans les cercueils venir de Saint-Brieuc.
Au cours de la journée nous avons noté la présence des personnalités suivantes: MM. le colonel Golhen, commandant la subdivision; le colonel commandant le 71 ième d'infanterie et le lieutenant-colonel adjoint; Fatome, procureur de la République; le chef d'escadron de gendarmerie Bouiler; deux officiers de la sécurité militaire américaine; Vergne commissaire spécial; le docteur Despas, de Saint-Brieuc, délégué de la “Défense de la France”; Le Picard, responsable du Front national pour le secteur; Mlle Christiane du Front national (Lire la page Marie Le Bihan);etc…
La nuit vient lentement. L'assistance se retire du lieu maudit où tant de fils de France ont payé de la plus atroce des morts leur dévouement à la Patrie.
Liste des morts qui ont pu être identifiés.
………………………....Note JPDaniel :
Il y a pour notre secteur Nord1: Maurice Lagadec 19 ans et les Résistants de "la Marseillaise" victimes de la rafle de Plouaret : Auguste Pastol 24 ans; Auguste Le Pape 22 ans; Pierre Menou 24 ans; Joseph Hénaff 18 ans; Eugène Daniel 21 ans; Léon Le Guerson 23 ans et Arsène Faujouron 21 ans.
(voir le lien ci dessous "les victimes de la Butte rouge")
article du Ouest France du 2 novembre 1944
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Quelques monuments Photos JP Daniel
Ploubezre
Le monument du bourg
celui de Kerguiniou
Lannion
Plaque installée sur le monument aux morts
Monument au terrain d'aviation à Servel
Plouaret
Pleumeur Bodou
Bégard
Brélidy
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