Le secteur Nord 2 des Côtes d'Armor

Le secteur Nord 2 était limité par le Trieux à L’Ouest, Saint Quay Portrieux à L’Est et la nationale 12 au Sud. 

Désiré Camus et Raoul Durand sont les responsables de ce secteur Nord 2

Il est composé à l’origine de 3 sous secteurs:

Squiffiec, Plouisy, Landebaëron, mais après un afflux considérable de volontaires des maquis se sont formés aussi:

 à Tressignaux

 à St Gilles

 à Paimpol

 à Guingamp: Responsables Charles Le Gallou (fusillé le 6 mai 1944) et Jean Lorgeré (tué au combat de Lézardrieux le 15 août 1944).

à Lézardrieux: Responsable Charles Queillé (fusillé à Servel le 18 mai 1944) et Yves Le Moigne (assassiné par la milice le 6 juillet 1944) 

à Lanvollon: Responsable: Pierre Faubel assisté de Raoul Jourand 

Désiré Camus, Commissaire aux effectifs (CO) du secteur Nord 2 des côtes d’Armor

  J'ai rejoint la Résistance dans les Côtes-du-Nord, après avoir quitté le département de la Manche où j'étais instituteur à Tessy-sur-Vire près de Saint-Lô. Né en 1921, j'allais être requis pour les STO, je suis revenu chez mes parents à Plouëc du Trieux, mais j'ai dû me cacher dans les fermes des environs. j’étais le fils du maire donc connu dans le coin.

  Moi, j'étais dans les FTP. Le secteur Nord du département a été découpé en deux secteurs. 

J'étais responsable aux effectifs du Secteur Nord 2, qui partait du Jaudy, rejoignait la Nationale 12 puis allait ensuite jusqu'à Saint-Quay-Portrieux. L'autre secteur Nord 1, jusque-là limite du Finistère, était commandé par le Commandant Gilbert (François Tassel). J'étais Commissaire aux Effectifs (CE) c'est-à-dire que j’étais chargé du recrutement, des relations avec les membres du Front National et de la recherche des gens qui assuraient la liaison et le ravitaillement des Maquis. Dans chaque commune, nous avions des personnes qui pouvaient nous renseigner sur un tel ou untel, donner des informations sur les gens sur lesquels nous pouvions compter ou qui pouvaient rejoindre sans risque la Résistance. Le Commissaire aux Opérations (CO) Raoul Durand était chargé de mener les actions de combat et de sabotage. En fait cette division du travail était théorique, la frontière était plus floue, chacun notre tour, nous assurions les responsabilités de CO et de CE. Parfois on tirait à pile ou face pour mener une action.

   En ce qui concerne les actions, elles étaient décidées au niveau du groupe, sans attendre les ordres venant du haut, nous avions à prendre des initiatives en fonction de la situation de notre secteur. Une fois l'action menée, nous nous dispersions pour échapper aux recherches. Ici en bordure de littoral, il était prématuré de prendre le Maquis du fait de la concentration des forces allemandes, de plus nous aurions rapidement été repérés et dénoncés, notamment par des mouchards, dont certains appartenaient au PNB.

   Parmi les Résistants, il y avait les clandestins et ceux qui continuaient à mener une vie normale. Ces derniers étaient souvent plus utiles à la Résistance dans leur poste, plutôt que de courir dans les champs. C'est notamment le cas d'André Le Bras ingénieur des TPE à Lézardrieux avec lequel j'étais en relation.

   Nous avions constitué des groupes de réserve dans divers secteurs en attendant la période la plus propice pour les mobiliser. Nous avions peu d'armes au début, il a fallu attendre les parachutages, au début du mois de mars 1944 dans les environs de Peumerit-Quintin et de Maël-Pestivien, pour disposer d'armes et d'explosifs en quantité suffisante. C'était à partir du 8 mai 44 et de la rafle qui a eu lieu dans le secteur de Paimpol, suite à l'infiltration d'un traître, que nous avions pris le Maquis. Le premier maquis était donc celui de Squiffiec, Maquis de base du Secteur Nord 2. 

  Après l'annonce du débarquement, les groupes de réserve se sont rendus au Maquis soit 300 à 350 hommes. Une telle concentration  posait évidemment de nombreux problèmes, il a fallu les disperser par groupes locaux vers Landebaëron, Pommerit-le-Vicomte, Plouézal et vers le Maquis de Plouisy qui était déjà en place. De nouveaux parachutages ont permis de doter en armes tous ces hommes. Nous mettions en oeuvre les directives reçues, afin d'empêcher les Allemands de rejoindre le front de Normandie.

Actions pour la libération du secteur:

Les 3,4 et 5 Août 1944: Combats de Plouëc et libération de Pontrieux.

Le 4 août: Libération de Saint Quay Portrieux. Des éléments de l'ancien maquis de Landebaëron ont pénétré dans Paimpol, mais doivent se retirer car les Allemands menaces de détruire la ville. Replis et mise en place d’un siège.

Le 7 août:  libération de Guingamp par le maquis de Plésidy et des éléments du maquis de Plouisy.

Le 13 août: un élément de la “ Tash-warnest-Force” est détaché auprès de l'état-major FFI à Pontrieux. Il appuie les compagnies FFI pour la prise de Tréguier le 14 août, de Lézardrieux le 15 août et de Paimpol les 16 et 17 août. Il y avait 1200 allemands repliés dans la zone fortifiée de Lézardrieux- Paimpol 

 Référence :”Visages de la Résistance Bretonne” par Alain Lozac’h Edition Coop Breizh  avril 2003

                                  “On nous appelait terroristes” par Désiré Camus, édition. Skol Vreizh

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 Plastiquage dans le secteur Nord II FTP (avril 1944)

 Désiré Camus, chef du secteur FTP Nord II, confirme:"Le mois d'avril 1944 est le mois de l'explosif”: Sabotages et  attentats au pont de Frynaudour près de Pontrieux, de la voie ferrée Paimpol - Tréguier, de cinq locomotives à la gare de Guingamp, déraillement et désarmement de onze Allemands convoyant le train à Squiffiec... Le 20 avril, Yves Le Magoarou fait sauter le dépôt de munitions de la caserne de Guingamp. Pour empêcher le renfort des troupes allemandes sur le front de Normandie, les déraillements se multiplient. Le 12 juin, attaque d'un train allemand entre Squiffiec et Guingamp (vingt-cinq tués, douze blessés)" 

Désiré Camus précise qu'avant mars 1944 les explosifs utilisés provenaient de vols de poudre et de cordon bickford aux dépôts des Ponts et Chaussées. En mars 1944, les armes et les explosifs proviennent surtout de parachutages à Maël-Pestivien et à Plounévez Quintin. Le 5 mars 1944, le transport effectué par un camion dérobé au dépôt des Ponts et Chaussées de Lézardrieux (avec la complicité de l'ingénieur TPE André Le Bras) a permis de stocker des armes et des explosifs, puis de les répartir dans tout le secteur FTP Nord 2. Le secteur Nord 1 en profitera aussi par l'intermédiaire de son chef François Tassel et de son maquis de Ploubezre qui répartit armes et explosifs pour Plestin et Plouguiel.

 Désiré Camus souligne, exemples à l'appui, que les saboteurs étaient d'autant plus efficaces qu'ils avaient bien fait l'étude technique du matériel explosif et expérimenté ses effets dévastateurs. Mais les notices  d'emploi étaient rédigées en anglais !

“Chaque opération comporte une préparation, l’exécution et enfin la dispersion des exécutants, dispersion qui est un élément majeur de la sécurité et préférable au regroupement dans un maquis. Nous ne prendrons le maquis que contraints par les rafles dont l'exécution précise prouve que l'ennemi est très bien renseigné, notamment grâce à l'aide de miliciens bretons..."              

 (On nous appelait terroristes, éd. Skol Vreizh, p. 234). 

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Désiré Camus a écrit ses mémoires:

“On nous appelait terroristes :La vie au quotidien d'un maquisard breton” Editeur : Skol Breizh; Édition : 2e éd. (1 mars 2001)Désiré Camus n'a pas cessé de se battre dans ses écrits et auprès des plus jeunes pour perpétuer le souvenir des Résistants. Il a dit en 2011: “Il nous appartient d'entretenir leur mémoire pour qu'elle soit transmise de génération en génération comme une leçon de civisme fondée sur une mission essentielle: préserver les notion de liberté dans la vie en société en éradiquant toutes les idées de totalitarisme, de racisme et d'intégrisme”          -----------------------

Désiré Camus s’est éteint le 11 mars 2018 à l’âge de 96 ans.

         Il était le Président départemental des Médaillés de la Résistance Française et

                Officier de la Légion d’Honneur. 

Désiré Camus avec Aristide Sicot fondateur du réseau var

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Le secteur Nord 2 des Côtes d’Armor