Les parachutages

 Les parachutages de Maël-Plestivien et Plounévez-Quintin

Les premiers parachutages ont eu lieu les 2 et 13 mars 1944 à Maël-Plestivien et à Plounévez-Quintin, ils étaient destinés à l'Armée Secrète (AS)  et non pas aux FTP qui n'étaient pas reconnus par les alliés comme une organisation de résistance. C'est par ruse, en dissimulant sa vraie appartenance, que Louis Pichouron (commandant Alain) et ses FTP ont été les seuls à récupérer les armes et les explosifs. Les responsables de l'A.S. ont bien essayé de récupérer ces armes, mais les FTP ne les ont jamais restituées. Ce stock important d'armes et d'explosifs a été distribué dans tous les maquis du secteur Nord des Côtes d'Armor. Il a permis de fournir leurs premières armes de guerre.

Voir la page: Evolution de l'armement cliquez

***************************

Parachutage à Duault juin 1944

Parachutage et combat à Duault

Un parachutage est prévu à Pluzunet, Les Résistants se sauvent in-extrémis.

     Le commandant Gilbert (François Tassel) est en contact avec le BCRA (Bureau Central de Renseignements et d’Actions) par l’intermédiaire de la mission SAS (Special air service) “Jedburth” installée à Duault, il s’y rend de temps en temps à vélo avec Louis Querrec. Un ancien habitant de Lanvellec se souvient: “Dès son arrivée le commandant Gilbert était escorté et conduit au PC avec les honneurs”. Le capitaine SAS Aguirec lui confie l’organisation, pour la fin juillet, d’un parachutage d'armes destiné à compléter une première dotation provenant d'un largage en début d'année à Maël Plestivien.

   Il en a la responsabilité totale: il doit rechercher et préparer un terrain loin des regards indiscrets, réceptionner les containers, les transporter et les cacher, puis répartir les armes avec leurs munitions, les explosifs, les vêtements militaires et les médicaments entre tous les maquis du secteur Nord 1. François Tassel raconte:” je reste en relation avec le colonel Marceau par l’intermédiaire de Léontine, son épouse, qui assure les fonctions d’agent de liaison. Elle vient jusqu’à Ploubezre à bicyclette”.

    Le parachutage est prévu dans la nuit du 27 au 28 juillet 1944 à Pluzunet au lieu-dit Pen Clec’h dans un champ appartenant à Mr Gautier.

  Le 26 juillet au soir, Gilbert accompagné d’une dizaine d’hommes dont Corentin André (capitaine Maurice), Frantz Pétrei, Fritz Dreyer, Edouard Chapiseau et son fils  Pierre (Président de notre amicale), Jacque Cabillic, Marcel Diguerher et P’tit Page se rendent à Pen Clec’h pour préparer le balisage du terrain. Ils se cachent dans une carrière à quelques centaines de mètres de la zone de parachutage pour attendre la nuit et les Résistants qui doivent arriver de Plestin, Lannion et ,...,  La carrière très creuse est entourée de landes, elle est bien camouflée par des arbres et des buissons, c’est un lieu sûr. “La ferme Gad est assez proche de là, mais j’ai confiance en la famille Gad, les filles n’hésitent pas à rendre service aux Résistants. En attendant les renforts, j’assure notre protection immédiate en établissant un tour de garde et des rondes. J’ai près de moi le poste récepteur qui doit me confirmer le parachutage” raconte François Tassel. 

   Tout se passe normalement jusqu’au début de l'après-midi du 27, quand ils entendent les fermières crier “ A bochats zo aï! ” (les boches arrivent !). Au bourg de Cavan, le jeune Paul L’Hévéder  a vu passer  trois camions chargés de soldats allemands armés, ils prennent la direction de Pluzunet. Intrigué et inquiet, Paul les suit à vélo à bonne distance, quand il les voit s'arrêter près de la ferme Gad, il n’hésite pas et file à toute vitesse jusqu’à la ferme pour les prévenir de l’arrivée des Allemands. Les maquisards sont aussitôt en alerte, ils entendent l'arrivée des boches dans la ferme, il faut fuir au plus vite en n’emportant que le strict nécessaire: leurs armes et le poste émetteur, tant pis pour le casse-croûte. Déjà une cinquantaine de soldats Allemands se dirigent vers la carrière. Le groupe de Résistants fuit en se dissimulant et en se faufilant dans la lande. Les soldats sont déjà là, ils lancent des grenades dans la carrière en l’encerclant. Les Résistants entendent les explosions, ils ont réussi à s’échapper d’une extrême justesse. 

Les soldats, après s’être aperçu de leur échec, ratissent les environs en se dirigeant vers les bois de la vallée du Léguer pendant que les patriotes se dirigent dans la direction opposée.

  Sauvés in-extrémis, Gilbert et ses hommes filent vers Prat à 7 kilomètres de là. “Pour un peu nous serions tous restés dans la carrière” dit Pierre Chapiseau. Au bout d'une demi-heure de marche, une pause devient nécessaire, c'est l'heure des messages sur la BBC. Gilbert fixe ses écouteurs et attend les messages de radio Londres. Après “Les Français parlent aux Français” le message convenu “Il était garde de chasse”, confirme le parachutage qui aura lieu dans quelques heures. Il est convenu que s'il y a un danger, les feux destinés à baliser la zone ne seront pas allumés. " Après cette confirmation, ma joie et mon soulagement sont immenses, mais je ne laisse rien paraître en pensant comment les boches ont été informés. Le coupable ne peut pas se trouver parmi nous, puisque nous sommes ensemble depuis plusieurs jours et qu'aucun d'eux n'était au courant, le matin même, de notre déplacement à Pluzunet.

  Ils ne sont que dix, les renforts des maquis des environs qui convergeaient vers la carrière, ne peuvent pas savoir où les retrouver et où aura lieu le parachutage, il ne faut plus compter sur eux.

   A Prat, François Tassel connaît bien les Résistants de la commune, il espère leur aide pour trouver un nouveau terrain et assurer l’évacuation et le camouflage des containers parachutés.

D’après les mémoires de François Tassel “Pour la France” Jean Claude Le Guéziec ISBN: 978-2-917630-04-4 

********************

Parachutage de Prat, 60 containers récupérés dans la nuit du 27 au 28 juillet 1944

   Dès leur arrivée au bourg de Prat, le commandant Gilbert décide de se rendre seul chez Louis Breton qu’il connaît très bien - il est lui aussi Résistant - pendant que ses hommes resteront cachés dans un bosquet. "J'ai de la chance, Louis est chez lui. Je lui fais part de la situation. Son premier réflexe est de dire “Viens avec moi chez Droumaguet à Keranglas”

  Raymond Geffroy, ouvrier dans cette ferme, nous reçoit. Je le connais très bien, c’est lui qui distribue les journaux clandestins sur la commune de Prat. Il me présente ses patrons, Mr et Mme Droumaguet, qui sont au courant des activités clandestines de leur employé. Un climat de confiance se crée immédiatement, ils sont près à nous aider.

    Il n’y a pas de temps à perdre, je vais chercher mes hommes et nous allons tous ensemble voir, près du bourg, un champ rectangulaire d’à peu près un hectare qui  appartient aux Droumaguet, il convient parfaitement." raconte Louis Tassel

   Louis Breton, Raymond Geffroy, Marcel Diguerher, Jacques Cabillic, Edouard et Pierre Chapiseau font le tour des fermes pour qu’à la nuit tombante, une dizaine de charrettes se rendent au plus près de la zone de parachutage. Le docteur Gérard, responsable du FN  à Prat est prévenu, il viendra. La nuit approche, Raymond et Jacques matérialisent une piste improvisée, en creusant des trous à égales distances qu’ils remplissent de paille. Une brouettée de sable est versée près de chaque trou, il servira à éteindre les feux. Un peu d’essence est prévue pour faire rapidement des grandes flammées. A la nuit, tout est près, les charrettes, bétaillères et tombereaux sont là, cachés sous les arbres près d’un talus, les chevaux restent attelés et attendent patiemment. Tous les hommes ont coopéré de bon cœur, l’ambiance est très bonne, mais le silence est de rigueur.

  Aux environs de minuit, un bruit de moteur se fait entendre, il s'amplifie. Ce sont les avions, les feux sont aussitôt allumés. Trois avions se présentent en vrombissant, Frantz Dreyer émet avec sa lampe la lettre ”N” en morse, ils passent à la verticale de l’axe de la piste, puis ils font un très large tour afin d’éviter un repérage des Allemands et ils reviennent en larguant chacun une vingtaine de containers. Immédiatement les feux sont éteints, il y a des parachutes et des containers un peu partout sur le terrain et quelques uns dans les arbres.

    Les opérations de récupération des containers, de chargement, de nettoyage du terrain et de convoyage jusqu'aux caches improvisées, pas très loin, dans le bois de Coat durent jusqu'au petit matin.

    A l’heure du petit déjeuner tout le monde est fatigué, épuisé, avec ses vêtements déchirés, mais en sécurité et heureux d’avoir réussi un exploit pareil.

**************

  Photo: JP Daniel avec l’autorisation de Pascal Lamotte et de la mairie de Pluzunet. (Exposition d’octobre 2018)

 On peut y voir un parachute accroché dans les branches et des containers d’armes et de munitions

****************************

Quelques compléments

Quelques compléments