La compagnie Tito

La compagnie Tito, compagnie d'honneur du département, était en relation avec les Résistants du Trégor

Le fanion de la compagnie Tito  a été confié à notre amicale en février 2008, après la disparition de l'association "compagnie Tito" de Plougrescant, suite au décès de ses dirigeants, le colonel Charles Moreau et François Moréno. Elle nous a confié son fanion pour que nous puissions continuer de faire vivre la Compagnie Tito dans la mémoire des nouvelles générations. 

François Tassel et Charles Moreau se connaissaient depuis 1943

Attestation du Colonel Charles Moreau, commandant de la compagnie de Tito 


   Au début de l'année 1943, lorsque j’opérais dans le cadre de la région de Tréguier, j’avais pris contact, sur les directives du Commandant Alain (Louis Pichouron), avec Gilbert (François Tassel) afin de coordonner nos actions respectives.

   Ceci nous permis de mener de paire de nombreuses actions contre l'ennemi, en particulier le long de la côte entre Tréguier et Perros-Guirec. En février 1944, lorsque je dus quitter Tréguier à la suite d'une dénonciation pour me replier sur la région de Callac - Saint-Nicolas-du-Pélem, nous pûmes très vite, grâce au commandant Alain, renouer le contact et mener ensemble nos actions.

Parmi celles-ci (car il faudrait des dizaines de pages pour les relater toutes)  il y a eu le 8 mai 1944, l'occupation de la prison de Lannion et la libération des Résistants qui y étaient internés, puis en juin trois attaques de convois sur la route Paris-Brest et deux sabotages sur la voie ferrée Paris-Brest. Les 13,14 et 15 juin 1944 après le combat qui dans la forêt de Duault opposa mon unité, la compagnie Tito, à un bataillon allemand, Tassel dit Gilbert participa à la récupération, au transport, à la mise à l'abri et à la répartition du matériel et des armes pris sur l'ennemi. Notre collaboration aura duré jusqu'au 24 août 1944, date à laquelle nous pûmes enfin faire état publiquement de notre combat

 Fait à Tréguier le 17 juin 1980

   Signé: Moreau

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   Après la rupture du pacte germano-soviétique en juin 1941, le parti communiste  crée  l'organisation secrète (O.S).  Ce groupe armé a des ramifications: Les brigades Spéciales. En mai 1942, Louis Pichouron et Marcel Brégeon en créent une dans le sud des Côtes d'Armor,  très partiellement financée par le parti communiste: "Chaque maquisard reçoit mensuellement 2000 francs" écrit Georges Ollitrault. A la fin de l'année 1943, la brigade spéciale compte une douzaine d'hommes dont Théodore Le Nénan (Etienne) de Ploumilliau, Emile Henri, Georges Ollitrault (Jojo), Marcel Simon, François et Maurice Lagadec de Lannion,..., elle est installée près de la ferme Kerchariou en Peumerit- Quintin. Leurs premières actions peuvent-être qualifiées de terroristes (vols, assassinats d'Allemands pour récupérer des armes) qui ont entraîné des représailles. Par exemple: Le 18 janvier 1944, un soldat allemand est tué à Guilliers, en représailles les Allemands procèdent à une rafle (500 personnes arrêtées, 43 déportées). Ils font aussi des sabotages (déraillement d'un train à Trégrom le 10 janvier 1944). Charles Moreau rejoint ce groupe en février 1944.

 Louis Pichouron, devenu chef FTP de la Résistance dans les Côtes d'Armor, entre en relation avec les Forces Françaises Libres du général De Gaulle et en particulier les S.A.S chargés d'organiser et d'armer les Résistants. Il obtient un premier parachutage d'armes dans la nuit du 2 au 3 mars 1944 à Maël- Plestivien. Son groupe FTP, fort de 100 à 150 hommes, le réceptionne. Maintenant partiellement armé, il choisit le nom de "compagnie Tito".  La Tito s'organise et se disperse en quelques maquis très mobiles. Théodore Le Nénan dirige celui de Saint Nicolas du Pélem. Georges Ollitrault et Charles Moreau  sont aussi des chefs. 

Réf:  https://fr.wikipedia.org/wiki/Saint-Nicolas-du-P%C3%A9lem#Le_maquis_Tito, Miliciens contre maquisards (Françoise Morvan édition Ouest France)

Résumé des actions de la  Compagnie Tito

Cession du fanion de la Tito au musée de la Résistance  

Des faits aussi remarquables ne doivent pas sombrer dans l'oubli. Ce fanion qui a maintenant 78 ans devient fragile, pour le préserver nous ne l'utiliserons plus dans les commémorations. Mais, pour qu'il reste visible de tous, nous avons décidé de le céder au musée de la Résistance en Argoat, situé au bord de l'étang neuf, près de la stèle de Coat Mallouen à Saint Connan. Nous continuerons quand même de raviver la mémoire de la Tito en remplaçant cet authentique fanion, qui représente des vraies valeurs patriotiques, par l'une ou l'autre des copies réalisées par Anne Marie Daniel et Christine Moulin.

Jean pierre Daniel pour la commémoration du 23 mai 2022 à Kerguiniou

les 2 copies

Kerguiniou 23 mai 2022

signature du contrat de cession

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Libération de 7  Résistants emprisonnés à Lannion. Opération menée avec la compagnie Tito

     Attaque de la prison de Lannion

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Parachutage et combat à Duault du 7 au 14 juin 1944

Rapport de Charles Moreau responsable de la “Compagnie Tito”

  Le 6 juin, jour du débarquement, j'ai appris que des parachutistes français venaient d'atterrir dans la région de Duault et désiraient prendre contact  avec le chef du maquis de la région. Je me rendis aussitôt et me présentai au capitaine Leblond et au Lieutenant Botella, ceux ci me demandèrent de me mettre, moi et mes hommes, à leur disposition afin de les protéger durant leurs parachutages. J'acceptai; je disposais d'une compagnie dans toute la région.

 Ces parachutages eurent lieu les 7, 8, 10 et 11 juin. Puis le 12 juin au matin un convoi automobile allemand vint effectuer un raid contre une ferme située en bordure de la forêt. Dans cette maison se trouvait à ce moment un parachutiste et un maquisard en quête de ravitaillement. Ceux-ci se défendirent avec acharnement, le maquisard fut tué et le parachutiste fut blessé et fait prisonnier. Les Allemands embarquèrent les fermiers dans des véhicules et mirent le feu à la ferme, puis y jetèrent le parachutiste. Après avoir prévenu le PC, ne voulant pas laisser amener les civils, je disposai mes hommes prêts à attaquer sur mon ordre, puis je m'approchai de la ferme en rampant. Tout à coup, j'aperçus cinq ou six allemands groupés et parlant entre eux tout en surveillant leurs prisonniers. Je dégoupillai  une grenade et la lançai au milieu du groupe. Tous furent tués ou blessés.  Puis, sur mon ordre, les hommes attaquèrent le convoi à la mitraillette et à la grenade; les prisonniers furent libérés, puis des Allemands se ressaisissant prirent position tout autour de la ferme de façon à tenir jusqu'à l'arrivée de renforts.

    Je revins en hâte au PC, pour  demander que les parachutistes nous prêtent main-forte, sur le chemin je rencontrai le lieutenant Botella à la tête d'une section montant en renfort; il me demanda de le suivre sur les lieux. Je le précédai et je l'y amenai. Arrivés près de la ferme, nous fûmes pris sous le feu des F.M boches, ce qui eut pour effet de nous obliger à faire du plat ventre. A ce moment le lieutenant Botella, qui se trouvait à côté de moi, poussa un cri: il venait de recevoir une balle dans la hanche. M'approchant de lui, je lui appliquai tant bien que mal un pansement individuel sur la plaie. Les boches, nous observant des arbres sur lesquels ils étaient perchés, continuèrent à nous arroser. Ne voulant pas laisser le lieutenant sur le terrain, j’appelai à l'aide, mais je m'aperçus alors que nous étions complètement isolés de tous les autres. Je pris donc le parti de le retirer tout seul en le prenant par les épaules toujours à plat ventre, par des tractions successives, je le ramenai peu à peu ( je mis 20 minutes pour faire 15 mètres) puis j'aperçus à ce moment mon camarade René Le Dissez: Je l'appelai, malgré le danger, il vint aussitôt à mon aide et nous pûmes ramener le lieutenant hors de la zone de combat. Là, des brancardiers le prirent en charge et l’envoyèrent au poste de secours.

      Revenus à proximité de la ferme mon camarade et moi,  nous parvînmes à nous glisser à proximité d'une voiture du convoi et avant que les Allemands aient eu le temps de se retourner, je vidai tout un chargeur sur le moteur, puis avec de l'essence nous mîmes le feu (la carcasse de cette voiture demeura longtemps sur les lieux)

     Le combat dura jusqu'à 18h, les Allemands se retirèrent laissant 47 morts sur le terrain. Pendant la nuit, je m'occupai de l'évacuation des blessés: Je fis venir un camion pour le lieutenant Botella et le soldat Faucheur blessé, puis je pris dans ma voiture le sous-lieutenant Lasserre (une balle dans la poitrine) et les dirigeai tous sur mon  Maquis à 12 kilomètres de là, où ils furent soignés et protégés jusqu'à la Libération.  Nos pertes durant cette journée furent les suivantes: 3 parachutistes, 3 blessés et 4 maquisards tués. Le lendemain après l’évacuation des blessés, je fis enlever les armes et les munitions (environ 10 tonnes) qui restaient au camp, sachant que les Allemands avaient l'intention de revenir en force. Pour le 14 au matin tout fut enlevé. Malheureusement, un camion fut pris sous le feu des boches et sauta à 2 km de Saint Nicodème avec toute sa cargaison ainsi que 5 hommes qui furent tués sur le coup. Seul le chauffeur réussit à s'en tirer malgré la chasse qui lui fut donnée par l'ennemi. Il rentra chez nous, blessé en 5 endroits différents par des balles de mitraillette. Envoyé à Plouguenast, à 60 kilomètres de là, par le lieutenant Le Dissez. La nuit suivante il subit une opération qui lui permet de vivre encore à l'heure actuelle.

                 Lieutenant Moreau 

 extrait de L’ARC  “20ème anniversaire de la libération” N° 1 spécial édition 1er trimestre 1964 
L'amicale de la compagnie Tito