Libération du secteur Nord 1

François Tassel raconte dans son livre "pour la France":

   Nous sommes évidemment informés de la percée d'Avranches du 31 juillet 1944 par les forces de libération. Depuis les premières heures d'août 1944, l'armée du général Paton fonce vers Brest en libérant le plus rapidement possible les villes et les villages occupés ou menacés par les Allemands. Avec l'aide des Résistants bretons, les bastions ennemis tombent les uns après les autres comme des châteaux de cartes: Saint Brieuc, Guingamp, Loudéac,... Les alliés sont aux portes du secteur nord 1.

  L'ennemi est lui aussi informé qu'un rouleau compresseur s'apprête à l'écraser avec l'aide et l'appui des Maquisards, qui maintenant évoluent dans une structure officiellement militaire. Les boches sont conscients que la défaite est proche, mais refusent encore de s'avouer vaincus.

  Moi et mon bataillon, maintenant bien armés depuis le dernier parachutage de Prat, attendons  impatiemment le feu vert pour pouvoir intervenir afin de libérer tout le secteur. Le 3 août 1944, la BBC lance le message “le chapeau de Bonaparte est-il toujours à Perros-Guirec?” 

  Cette fois le coup est lancé. Mon bataillon doit se déployer de manière à bloquer toute tentative de départ de l'ennemi et à protéger l'avancée de l'armée de libération. Il s'agit d'assurer la reddition des troupes allemandes et la libération de notre région en limitant les pertes humaines.

  Le 4 août 1944, je reçois l'ordre de me rendre à Saint Thégonnec, au camp des prisonniers allemands, avec pour mission de reconnaître parmi les milliers d'ennemis qui y sont massés, les tortionnaires qui sévissaient dans la région de Lannion. Je n'exécuterai cette mission de plusieurs jours qu'après la libération complète de notre secteur.

  La situation est délicate, il y a une forte concentration d'Allemands tout le long du littoral de Trébeurden  jusqu'à Tréguier. Les bastions forts se situent au camp d'aviation de Servel et sur la colline fortifiée de Maez-Gouez à la Clarté, ils possèdent des canons menaçants pour Lannion et surtout pour Perros-Guirec. 

   Pour fuir les ennemis en convoi passeront très probablement par les grandes routes qui aboutissent au Nord de Lannion. Notre tactique est donc simple: Toutes les sorties de Lannion doivent être verrouillées pour empêcher impérativement leur départ. Les boches ne doivent en aucun cas quitter Lannion, pour aller à la rencontre et combattre les forces de libération qui progressent dans notre direction ou pour rejoindre Lorient ou Brest. 

  Je donne mes ordres en conséquence: Chaque compagnie interviendra dans son secteur.

 Yves Ollivier avec une de ses sections renforcera les compagnies Roger Barbé et Gabriel Péri  en charge de la zone la plus dangereuse. Le capitaine Maurice (Corentin André) commandera cet important groupe.

 Je dois être informé très rapidement de toutes les situations dans chaque secteur. Pas d'initiative dangereuses sans mon aval.

 Je coordonnerai toutes les actions depuis mon PC que j'installerai à l'hôtel de la poste à Lannion.

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Les actions qui ont nui à la reddition de l'ennemi et engendré des représailles: (François Tassel)

J'ai réprimandé le responsable du secteur pour ces actions négatives (programmées en marge des ordres donnés ou réalisées par des groupes mal contrôlés)

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Les FTP ont libérés le Trégor, mais étaient-ils les seuls à pouvoir le faire? 

   A partir de février 1944, tous les mouvements de Résistance auraient du se regrouper pour former une seule armée, les Forces Françaises de l'Intérieur: Les FFI. Mais dans les côtes d'Armor, Les FTP ont hésité longtemps avant de se soumettre à cette nouvelle force, qui devait être dirigée par l'Armée Secrète: Une organisation nationale, composée des cadres de l'armée et des personnalités fidèles au général de Gaulle.   Dans les Côtes d'Armor, Yves Lavoquer, professeur au lycée Le Bras est chargé dès juillet 1943, par l’Etat-Major national de l’A.S (notamment le général Audibert chargé de l’Ouest de la France) de mettre sur pied les premiers groupes clandestins de l’Armée Secrète. "J’ai jeté les bases de l’Armée Secrète qui devait prendre par la suite la tête des F.F.I " a-t-il dit. Il fait appel à plusieurs officiers de réserve: Adolphe Vallée, l’abbé Chéruel, Jean Métairie à Saint-Brieuc, M. Branchoux à Guingamp. Adolphe Vallée du groupe "Libération Nord" industriel et officier de réserve, est désigné commandant à partir du 10 décembre 1943 et jusqu'à son arrestation le 14 Février 1944.  PS: Je n'ai pas trouvé de lien de parenté avec Patrick (FFL) et Robert( Agent de liaison) Vallée dont le père tenait la papeterie de Plounévez Moëdec https://museedelaresistanceenligne.org/media2690-Yves-LavoquerVoici le rapport de l'A.S signé par André Vallée sur la libération du Trégor. Vous y découvrirez les tensions entre les FTP et les FFI, que l'A.S avait dans le Trégor un effectif équivalent à un bataillon, que le commandant Gilbert a mis beaucoup de mauvaise volonté pour armer les FFI de l'armée secrète et que c'était les FFI qui avaient leur quartier général à la mairie de Lannion...
Rapport d'activité de "Libération Nord" à Lannion

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Le commandant Branchoux atteste des mauvaises relations FTP- FFI

Rapport Branchoux. relations FTP-FFI

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 Une surprise m'attend après à la libération du secteur Nord du 17 août 1944:

   Je reçois la médaille de la Résistance française avec rosette. Elle m'est remise par le capitaine parachutiste SAS Aguirec. Une cérémonie sobre est organisée à mon PC de Kerfons (Ploubezre) en présence du Yves Le Hégarat (lieutenant colonel Marceau) commandant des FFI des côtes du Nord, de Louis Pichouron (commandant Alain) chef des FTP du département, de Marcel Perrot (commandant Andrieux) second de Louis Pichouron, de mes adjoints et de quelques amis Maquisards. Les raisons invoquées par le capitaine Aguirec sont les suivantes: Le commandant Gilbert a:

 Référence:: “ pour la France”   “ Mémoires de François Tassel” écrit avec Jean Claude Le Guéziec 

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