Les règlements de comptes

“Trop d'indignations, accumulées depuis 4 ans, fermentaient sous le couvercle pour qu’il n’y eut pas d'explosion dans le bouleversement qui suivait la fuite de l'ennemi et la  déconfiture de ses complices. Beaucoup d'éléments de la Résistance entendaient procéder eux-mêmes aux sanctions et à l’épuration. Des groupes armés sortant des maquis cédaient à l'impulsion de faire justice, sans autre forme de procès, à l'encontre de leurs persécuteurs…. Les autorités locales avaient d'autant plus de peine à dominer la situation que la force publique leur faisait gravement défaut.”

texte écrit par le Général De Gaulle dans "les mémoires de guerre" lorsqu’il raconte sa tournée des villes du Sud de la France qu’il a fallues remettre au pas, “ la résistance étant devenue trop bouillante et bruyante souvent dominée par les communistes”

citation d’Henri Amouroux extraite de ”Les règlements de compte” (édition de 1992)

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Rapports de l'adjudant chef Le Peltier, commandant provisoirement la section de gendarmerie de Lannion :

«  lannion le 21 janvier 1944

Le 18 janvier 1944, vers 18 h 30, deux jeunes gens se sont présentés chez M. C., garagiste à Ploumilliau, auquel ils ont reproché d'être responsable d'arrestations récentes opérées par les Allemands. Ils ont giflé M. C. et l'ont frappé à la tête d'un coup de crosse de révolver. Ils se sont ensuite présentés chez Mr le maire de Ploumilliau, où ils ont été rejoints par deux acolytes. Ils ont entraîné le maire dans un bureau et trois d'entre-eux l'ont menacé en lui mettant chacun un revolver près de sa tête. Le magistrat n'a opposé aucune résistance, ils ont mangé chez lui et sont partis sans rien emporter. La terreur des deux victimes a été telle qu'ils n'ont pas osé aviser les services de police ou de gendarmerie, permettant ainsi aux terroristes de s'enfuir en toute sécurité. »

« Lannion le 26 janvier 1944

Le 25 janvier 1944, vers 14h 30, M. T. François, propriétaire, maire de la commune de Trélévern, a été tué à coups de révolver sur la voie publique, au moment où il quittait sa propriété à bicyclette pour se rendre au bourg. 

Note : Il semble que M. T. ait été victime de terroristes ou francs tireurs en raison de sa sympathie pour l'Allemagne souvent remarquée »

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Rapports du lieutenant Laporterie commandant la section de gendarmerie de Lannion :

« Lannion, le 11 mai 1944

Dans la nuit du 8 au 9 mai 1944, vers minuit, trois individus masqués et armés de révolvers se sont présentés au domicile de M. D. , 51 ans, cultivateur à Trébeurden. Ils ont réussi par leurs menaces à obtenir l'ouverture de la maison. A peine M. D. avait-il ouvert la porte qu'il était abattu de deux coups de feu tirés à bout portant. Une des filles de la victime, Mlle Louise D. , 20 ans, arrivant au secours de son père, a été abattu près de ce dernier par plusieurs coups de feu. Une autre fille D. , Anna, 21 ans, a été mortellement blessée au moment où elle cherchait à s'enfuir chez des voisins et est décédée quelques minutes plus tard.  Mme D. et deux enfants plus jeunes ont réussi à s'enfuir sans être atteints. »

« Lannion le 25 juillet 1944

Le 23 juillet 1944, à 7 h 45, le corps de M. Le L. de R. Florent a été découvert sur le bord d'un chemin vicinal à Plufur, la tête traversée de trois balles de révolver. Il a été trouvé dans une poche de vêtement sur le cadavre un papier portant l'inscription suivante : « Mort en traitre. Approuvé comme agent de la gestapo et le même sort est réservé à ses camarades » »

Référence : les rapports confidentiels de la gendarmerie 1940-1945

Jean Marie Pontaut et Eric Pelletier, édition Michel Laffon ISBN:978-2-7499-0781-9


Faits divers à la libération

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