Le maquis de Pommerit - jaudy
Le maquis de Pommerit-Jaudy, formé en majorité par la compagnie Roger Barbé, est attaqué le 9 juillet 1944 par 600 Allemands.
Le journal Ouest France du 4 juillet 2019 relate l'attaque du maquis
C’est au début du mois de juillet 1944 que 150 jeunes patriotes, pour la plupart réfractaires au STO (Service du Travail Obligatoire), formèrent sous les ordres du capitaine Maurice (Corentin André), un maquis FTP (Francs Tireurs et Partisans), dans les bois de Coat Nevenez, près de la ferme Lestic, dont le mari, Louis, était prisonnier en Allemagne depuis quatre ans.
Le 8 juillet, les Allemands apprennent par trahison la présence de "terroristes". Ils rassemblent hommes et matériels, puis traversent le bourg le lendemain, vers 16 h, lourdement armés. Deux jeunes, Joseph Guillou et Henry Manchec, filent à bicyclette, par les petits chemins, prévenir les maquisards. Christine Lestic et les gens de la ferme s’enfuient à travers champs tandis que les combats font rage.
Après avoir pillé la ferme, ils l’incendient le lundi matin. Le mercredi, les cultivateurs voisins aidèrent les cantonniers à creuser une fosse commune près de la chapelle Pabu. Les maquisards rescapés suivirent le capitaine Maurice pour libérer Lannion le 10 août, d’autres rejoignirent Louis Piriou au maquis de Plouisy pour libérer Tréguier, puis Lézardrieux, les 14 et 15 août avant de partir sur le front de Lorient. Le 2 septembre, les morts de Coat Nevenez seront exhumés, mis en bière et rendus à leur famille.
Leur 1er combat à 20 ans
En fin d’après-midi, à la suite de l’arrivée de renforts allemands, le repli des maquisards est décidé. Ils laissent derrière eux, François Richard, 19 ans, de Langoat, Amerigo Zulliani, 20 ans, de Perros, Octave Desisles, 22 ans, de Cavan, Pierre Leclerc, 22 ans, de Saint-Michel, Laurent Goavec, 20 ans, de La Clarté.
Les Allemands achèvent les blessés, André Lintanff, 20 ans, de Lannion, et Alphonse Le Bris, 23 ans, de Cavan. Ils exécutent un prisonnier, Gabriel Ollivier, 21 ans, de La Clarté, et le garçon de ferme, René Anthoine, 29 ans, de Pommerit (père de deux enfants).
Une stèle de granit rose rappelle la mémoire du lieu. Elle comporte deux autres noms de combattants du secteur, Denis Le Bouffant, 29 ans, de Ploumanac’h, tué lors de l’attaque d’un convoi à La Roche, et Georges Le Jeune, 20 ans, de Lannion, arrêté à Cavan, mort sous la torture.
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Le capitaine Maurice, (Corentin André) chef du maquis de Pommerit-Jaudy relate l'attaque du 9 juillet 1944 Référence: Archives départementale 68J
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Témoignage de Melle Charant correspondante de la Croix Rouge Archives départementales 68J
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Les Résistants tués à Coat Névénez (Pommerit-Jaudy).
Panneau Réalisé par Marcel Diguerher, Anacr de Plestin les Grèves
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Le commandant Gilbert raconte l’attaque du maquis de Pommerit-Jaudy
“la perte de 11 hommes au maquis de Coat Névenez, le 9 juillet 1944, fut l’un des drames les plus marquants de notre secteur Nord 1.
120 hommes constituaient cette importante unité de Résistance. (La compagnie Roger Barbé)
Le jour de mon passage à Mantallot, où se trouvait alors le maquis, un avion de reconnaissance ennemi passa au dessus de nous. Ce n’était pas le fait du hasard. A coup sûr, nous étions repérés. J’ordonnais au responsable (Ndr: le capitaine Maurice) de prendre dans l’immédiat un maximum de mesures de protection et de changer de secteur la nuit suivante à la faveur de l’obscurité. Un premier déplacement fut réalisé. Le maquis s’implanta à Coat- Névénez en Pommerit de Jaudy, à 3 kilomètres environ à l’Est de Mantallot.
Des signes avant-coureurs laissaient à supposer que l’ennemi avait, à nouveau, repéré le maquis. Il fallait donc au plus vite quitter les lieux.
Lors d’un dernier passage à Coat- Névenez, je donnais l’ordre au responsable du maquis de rejoindre dès la nuit suivante la hameau de Kapéquern situé dans la vallée du Léguer (en amont de Kerguiniou) où la formation sera en sûreté et capable de se défendre. J’avais auparavant reconnu les lieux….. Les fermiers alentours étaient favorable à son implantation. ils fourniraient la nourriture si besoin et viendraient en aide aux maquisards.
L’ordre ne fut pas exécuté à la lettre (Ndr: le responsable prétexta une panne du camion qui devait faire le transfert) et 3 jours après mon passage, le 9 juillet 1944 aux environs de 16h30, eut lieu l’attaque du maquis”. Le combat est inégal, 600 à 800 soldats allemands contre 120 maquisards qui se défendirent avec bravoure pendant plus d’une heure.
Extrait de “pour la France” “Mémoires de François Tassel” écrit avec Jean Claude Le Guéziec
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Un martyr de la Résistance à l’honneur
Voici le texte de la citation à l'ordre de la division N°101 accordée à titre posthume par le général de division Allard, commandant la 11e région militaire, au sergent Le Jeune Georges, fils de Mme Le Jeune employée des PTT à Lannion.
“Vaillant FTP du maquis de Pommerit Jaudy, où il se battit magnifiquement le 9 juillet 1944. Capturé par la Milice, alors qu'il tentait de rejoindre un autre Maquis, a été fusillé le 24 juillet 1944 à Plougonver, sans avoir, malgré les tortures, donné aucun renseignement à l’ennemi.”
Article du Ouest France du 8 octobre 1945 Voir aussi O F du 16/7/45
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Inauguration du monument à la mémoire des héros tombés à Coat Névénez le 2 décembre 1945
Dimanche, 2 septembre, a eu lieu l'inauguration du monument élevé à la mémoire des héros tombés le 9 juillet 1944 lors de l'attaque du maquis de Coat Névénez par les Allemands.
Monsieur le Préfet des Côtes-du-Nord ainsi que d'autres personnalités avaient tenu à répondre à l'invitation de l'Amicale.
Le cortège se forma face au manoir, dont les ruines rappellent aux assistants la tragédie, et se dirigea, entraîné par la musique, vers le monument érigé quelques centaines de mètres plus loin.
Aux jeunes filles patriotes porteuses de gerbes et encadrées de soldats en armes, succédèrent les maquisards commandés par le capitaine Maurice, puis les familles des victimes, les personnalités, les délégations et la foule des amis des FTP.
Parmi les personnalités, nous avons noté: M. le Préfet; M. le sous-préfet; M. le Maire de Lannion; M. Barré président du C.D.L; M. Nicolet président et M.Reguer vice-président du Comité des prisonniers de Lannion; MM les maires de Pommery de Jaudy et de Mantallot; etc....
Devant le monument, après le dépôt de nombreuses germes et la bénédiction par l'abbé Maurice, le maire de Pommery de Jaudy prit le premier la parole, M. Nicolet lui succéda au nom des prisonniers; puis le capitaine Maurice, en termes sobres, évoqua la bataille. M. le Préfet, dans un magistral discours, rappela le sacrifice des disparus. Il termina en s'inclinant devant les familles des victimes.
Le capitaine Maurice donna lecture des citations à titre posthume et remit les décorations aux familles. Après une minute de silence, la dislocation eut lieu.
Un banquet………….
Article du Ouest France du 10 septembre 1945
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La plaque commémorative de la stèle à coat Névénez*************
Pierre Chapiseau
Le Président de notre association de 2016 à 2023, Pierre Chapiseau avait rejoint ce maquis après l'attaque du maquis de Kerguiniou. Il nous raconte: " Le maquis est attaqué le 9 juillet 1944 vers 16 heures 30 par 600 Allemands. Près de moi, Frantz Pétrei, de nationalité autrichienne, déserteur de l'armée allemande qui avait rejoint les Résistants de Lannion, comprenait l'Allemand, il nous traduisait les ordres de l'ennemi. Grâce à Frantz nous avons réussi à sauver notre peau. Le combat a duré environ 3 heures. Chez l'ennemi quelques dizaines d'hommes ont été tués ou blessés. Chez les patriotes, 11 hommes ont été tués et plusieurs ont été blessés. Au cours du repli avec Frantz Pétrei nous avons rencontré Lintanf qui venait de recevoir une rafale de pistolet-mitrailleur dans l'abdomen. Grièvement blessé et intransportable, le Patriote nous a supplié de l'achever, nous n’en avons pas eu le courage, il a agonisé très peu de temps. En poursuivant notre repli, nous avons rencontré des agriculteurs qui avaient indiqué, à tout un groupe en retraite, la route de Cavan. Yves Marie Gallou, rencontré par hasard à Cavan, nous a dit: “le rendez-vous est à Lanvézéac". Jean et Ernest Hénaff et Maurice Bérézaie et moi, nous nous y sommes rendus, mon père et plusieurs autres Résistants étaient là."
Pour son action héroïque , il a été cité à l'ordre du régiment.
Témoignage recueilli par Jean Claude Le Guéziec en janvier 2015
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